Antananarivo, le jeudi 15 juillet 2021 : Le Ministère de la Santé Publique, en collaboration avec le Ministère de l’Economie et des Finances représenté par l’INSTAT, procède ce jour à la restitution des résultats officiels de l’Enquête de Couverture Vaccinale (ECV 2021). Cette enquête a pour objectif principal d’estimer la couverture vaccinale chez les enfants de 12-23 mois et chez les femmes ayant accouché dans les 12 derniers mois dans chacune des 22 régions et au niveau national.
La collecte des données a été confiée à l’Institut National de la Statistique (INSTAT) et s’est tenue du 01 avril au 03 mai 2021 au niveau des 22 régions, ainsi que le traitement des données et le calcul des indicateurs qui s’en était suivi.
La méthodologie de l’ECV a été alignée sur les nouvelles directives de l’OMS pour les enquêtes de couverture vaccinale par sondage en grappe (version 2014 révisée en 2018). Les cibles de l’enquête sont constituées de tous les enfants éligibles âgés de 12 à 23 mois et toutes les femmes ayant accouché au cours des 12 derniers mois dans le ménage. Le nombre de ménages enquêtés était de 33 543 pour trouver les éligibles attendus afin d’atteindre la précision désirée.
Ci-après les principaux résultats de l’ECV2021 :
- Considérant qu’un enfant est complètement vacciné s’il a reçu tous les antigènes suivants : BCG, VPO (1, 2, 3), DTC-HepB-Hib (1, 2, 3), PCV10 (1, 2, 3), Rota (1, 2), VPI, VAR1, au niveau national, 37,8% [IC 95% : 35,1-40,5] des enfants de 12-23 mois ont reçu toutes les doses requises pour les protéger contre les maladies évitables par la vaccination ciblées par le programme national. Cette proportion est de 54,5% en milieu urbain contre 34,5% en milieu rural. Selon les régions, les proportions d’enfants de 12-23 mois complètements vaccinés sont les plus faibles dans les régions Melaky (16,7%), Sofia (17,6%) et Atsimo Andrefana (18,2%). En revanche, les régions Vakinankaratra, Analamanga et Amoron’i Mania enregistrent les proportions les plus élevées qui sont respectivement de 58,4%, 56,7% et 55,0 %.
- Si l’on se réfère à la définition originale, un enfant est considéré comme zéro dose s’il n’a reçu aucune des doses citées ci-après : BCG, VPO (1, 2, 3), DTC-HepB-Hib (1, 2, 3), PCV10 (1, 2, 3), Rota (1, 2), VPI, VAR1. Au niveau national, 17,8% [IC95% : 15,7-20,1] d’enfants de 12-23 mois sont estimés être non vaccinés ou n’ayant aucune preuve d’avoir reçu au moins une des doses susmentionnées. Cette proportion s’élève à 8,0% en milieu urbain contre 19,7% en milieu rural. C’est dans les régions Melaky, Sofia et Boeny qu’on enregistre les proportions les plus élevées d’enfants non vaccinés qui sont respectivement de 37,8%, 36,6% et 34,6%. Les proportions les plus faibles d’enfants qui n’ont reçu aucun vaccin se trouvent dans les régions Analamanga (4,1%), Vakinankaratra (4,2%) et Itasy (4,5%).
Au vu de ces indicateurs de l’ECV2021, Madagascar est encore loin d’atteindre les objectifs du Plan d’Action Mondial pour les Vaccins (PAMV) en termes de couverture vaccinale d’au moins 90% au niveau national et 80% au niveau régional ou district pour tous les antigènes. La couverture varie d’un antigène et à un autre et d’une région à une autre, avec des écarts variables entre les deux couvertures.
Au regard des résultats de l’ECV 2021, les recommandations suivantes ont été formulées
- Standardiser le carnet de santé intégré de l’enfant pour le pays et en faire le seul document de référence pour la vaccination.
- Assurer la disponibilité de tous les outils de gestion incluant le carnet de santé intégré au niveau de tous les centres vaccinant.
- Insérer dans la loi des finances une ligne budgétaire pour la mise en œuvre de l’approche Atteindre Chaque Cible (ACC) par les CSB. Ceci implique la considération du PTA ascendant dans le processus d’élaboration du budget du Ministère de la Santé Publique.
- Prioriser dans le programme d’investissement aussi bien avec le fonds propre de l’état que celui supporté par les partenaires techniques et financiers, la dotation des CSB en matériels roulants, notamment en Moto.
- Renforcer la capacité des agents de santé en PEV pratique en insistant sur le respect de l’intervalle entre les doses et l’âge minimum préconisé dans le calendrier vaccinal.
- Mettre en place la plateforme de la vaccination tout au long de la vie pour faciliter l’intégration des interventions de santé.
- Sensibiliser les responsables d’enfants sur l’importance de la vaccination, le respect du calendrier vaccinal et la conservation des carnets de santé.
- Élargir la vaccination de routine aux enfants de moins de 5ans.
Le Directeur Général de l’INSTAT a précisé dans son intervention que « Madagascar, à l’instar des autres pays en développement, rencontre des difficultés par rapport à la disponibilité de données fiables pour la prise de décisions efficaces en vue du renforcement de la performance du Programme Élargi de Vaccination (PEV). Plusieurs enquêtes auprès des ménages telles que l’Enquête par Grappes à Indicateurs Multiples (MICS), l’Enquête Démographique et de Santé (EDSMD), l’Enquête Nationale de Suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement (ENSOMD) ont été réalisées à Madagascar auxquelles la composante vaccination a été traitée pour donner une estimation de la couverture. Cependant, ces enquêtes ne fournissaient pas toutes les informations nécessaires au Programme Elargi de Vaccination (PEV) pour orienter les interventions à tous les niveaux du système de santé ».
Le Représentant du Ministère de la Santé Publique a poursuivi dans la même voie en soulignant que "la réalisation d'une enquête nationale sur la couverture vaccinale est jugée nécessaire pour répondre aux objectifs secondaires complémentaires et spécifiques au programme, notamment les barrières à la vaccination, la situation dans les régions, les aspects qualités de la vaccination y compris un aspect des données sur les carnets de santé. Par ailleurs, il est aussi nécessaire de quantifier les progrès accomplis par le Programme de Vaccination et d’identifier les éléments qui alimenteront le développement d’un nouveau cycle de planification pluriannuelle".
Les résultats de cette enquête aideront le Ministère de la Santé Publique et ses partenaires à obtenir des évidences pour rendre plus performant le programme de vaccination à Madagascar et d’améliorer ses impacts sur la promotion de la santé maternelle et infantile à Madagascar ».